10.

Le choix

 

 

La sonnette a tinté, annonçant l’arrivée d’un client dans le magasin. Inquiète et honteuse, je me suis pelotonnée derrière un rayonnage.

Arrête de te comporter comme une criminelle, m’a conseillé Melanie.

C’est ce que je suis !

Sous la fine couche de sueur, mes paumes étaient glacées malgré la chaleur étouffante qui régnait dans la boutique – le système vieillot de climatisation ne pouvait lutter contre le soleil qui pénétrait par la vitrine.

Lequel ? ai-je demandé.

Le plus gros.

J’ai pris le sac « grande contenance ». Si je le remplissais, jamais je ne pourrais le porter ! Puis je me suis dirigée vers le rayon des eaux.

Prends un pack de bouteilles, a-t-elle décidé. Ça nous donnera trois jours de vivres pour les trouver.

J’ai pris une grande inspiration, en tentant de me convaincre que je n’étais pas complice, que j’essayais simplement d’obtenir les coordonnées exactes de leur cache. Quand je saurais tout ça, j’irais trouver quelqu’un, un autre Traqueur peut-être, un spécimen moins détestable que celui que l’on m’avait assigné, et je lui donnerais l’information. J’essayais simplement de mettre toutes les chances de mon côté.

Mes mensonges étaient si pathétiques que Melanie n’y prêtait aucune attention. Le point de non-retour devait être dépassé. La Traqueuse m’avait prévenue. C’était trop tard. J’aurais dû prendre l’avion…

Trop tard ? Tu parles ! a grommelé Melanie. J’aimerais bien, au contraire, être aux commandes, mais je ne peux pas même lever la main sans ton accord ! Ses pensées étaient pleines de regret et d’amertume.

J’ai regardé ma main, posée le long de ma cuisse, qui ne se levait pas vers le pack des bouteilles d’eau, malgré toute la volonté de Melanie. Je percevais son impatience, son désir presque douloureux de passer à l’action, d’être en cavale, de nouveau. Comme si mon insertion en elle n’avait constitué qu’un simple interlude, une saison gâchée qu’elle voulait vite oublier.

Elle a émis, mentalement, l’équivalent d’un reniflement agacé, puis est revenue à ses préoccupations du moment. Allez ! Il faut se dépêcher. Il va bientôt faire nuit.

En soupirant, j’ai attrapé un gros pack de huit bouteilles. Il était si lourd qu’il m’a glissé des mains ; je l’ai rattrapé in extremis, avant qu’il ne heurte le sol. Mes bras ont failli se détacher de mes épaules sous le choc.

— Tu ne vas pas me faire porter ça, quand même ! me suis-je écriée.

Tais-toi !

— Un problème ? a demandé, du bout de l’allée, un petit homme trapu – l’autre client.

— Heu… non… rien, ai-je bredouillé en évitant son regard. J’ai juste été surprise par le poids.

— Vous voulez un coup de main ?

— Non, non, ça va aller, ai-je répondu en hâte. Je vais en prendre un plus petit.

Il a reporté son attention sur le présentoir des chips.

Non ! Tu vas y arriver. J’ai porté bien plus lourd que ça ! Tu as laissé mon corps se ramollir, Vagabonde !

Désolée, ai-je répondu, troublée de l’entendre prononcer mon nom pour la première fois.

Aide-toi de tes jambes !

J’ai soulevé du sol le pack d’eau et l’ai transporté cahin-caha jusqu’à la caisse. Je n’étais pas sûre de pouvoir aller très loin avec un fardeau pareil. Dans un grand ahan, je l’ai lâché sur le tapis roulant, et j’ai posé dessus le sac, des barres de céréales, un sachet de beignets ainsi qu’un paquet de chips.

Dans le désert, l’eau est bien plus importante que la nourriture, et on ne peut pas trop se charger.

J’ai faim ! Et c’est léger.

C’est toi qui portes, a-t-elle répliqué, acerbe, avant d’ajouter : Achète une carte !

J’ai placé sur le tas, conformément au souhait de Melanie, une carte topographique du comté. Un accessoire de plus pour la petite comédie qu’elle me demandait de jouer.

Le caissier, un homme souriant aux cheveux blancs, a scanné les codes-barres.

— Vous allez faire de la randonnée ? a-t-il lancé avec entrain.

— La montagne est très belle.

— Le sentier est juste après le…

— Ne vous inquiétez pas, je trouverai, l’ai-je interrompu en ramassant mes emplettes.

— Redescendez avant la nuit, fillette. Ce serait bête de vous égarer.

— Promis.

Melanie avait des pensées haineuses pour ce vieil homme.

Il est très gentil. Il se soucie réellement de ma sécurité, lui ai-je rappelé.

Vous me fichez tous les jetons ! On ne t’a pas appris à ne pas parler aux étrangers ?

Un éperon de culpabilité m’a traversée. Chez nous, il n’y a pas d’étrangers.

Elle a préféré changer de sujet :

Cela fait bizarre de ne pas payer… Pourquoi enregistre-t-il les codes-barres dans ce cas ?

Pour pouvoir tenir l’inventaire. Il ne peut se souvenir de tout ce qu’il a distribué quand il doit renouveler ses stocks… En outre, l’argent ne sert plus à rien quand tout le monde est parfaitement honnête. Un nouvel éclair de douleur a jailli – la culpabilité, encore. Tout le monde à part moi, évidemment.

Melanie s’est recroquevillée au tréfonds de mon esprit, inquiète par la force de mes remords, craignant que je ne change d’avis. Elle s’est concentrée sur son désir brûlant de s’en aller, de se mettre en route. Son impatience a filtré en moi et j’ai pressé le pas vers la voiture.

À bout de souffle, j’ai posé les affaires par terre, au pied de la portière côté passager.

— Je vais vous aider.

J’ai sursauté. C’était le client du magasin ; il était debout à côté de moi, un sac plastique à la main.

— Heu… merci, suis-je parvenue à articuler, mon pouls battant dans mes tempes.

On a attendu, Melanie tendue comme un ressort, que l’homme charge nos courses dans la voiture.

Il n’y a rien à craindre. Il est gentil aussi.

Melanie continuait à le surveiller, méfiante.

— Merci beaucoup, ai-je répété quand il a refermé la portière.

— À votre service.

Il s’est éloigné vers son propre véhicule sans nous jeter un regard. Je suis montée à bord et j’ai pris le sachet de chips.

Regarde la carte… attends qu’il soit parti.

Personne ne nous espionne, lui ai-je assuré. Mais en soupirant, je me suis exécutée. J’ai déplié la carte, piochant mes chips d’une main. Ce n’était pas plus mal d’avoir une petite idée de l’endroit où nous allions.

Quelle destination ? ai-je demandé. On a trouvé le point de départ, très bien. Et maintenant ?

Regarde autour de toi ! Si on ne peut le voir d’ici, on essaiera du côté sud de la montagne.

Voir quoi ?

Elle a ouvert l’image mentale que j’avais mémorisée : une ligne en zigzag, quatre angles, le cinquième coupé net, comme brisé. C’était une nouvelle ligne de crête ! Quatre pics pointus, le cinquième tronqué…

J’ai scruté l’horizon vers le nord. C’était si facile, trop facile pour être vrai… C’est comme si j’avais fait un calque d’une portion du paysage !

C’est là ! Melanie exultait ; sa voix en prenait des accents chantants. Allons-y ! Elle voulait que je sorte de la voiture, que j’y aille à pied, maintenant !

J’ai secoué la tête et me suis penchée de nouveau sur la carte. Cette montagne paraissait bien loin. Combien de kilomètres me séparaient d’elle ? Dix ? Vingt ? Il n’était pas question que je descende de voiture et que je m’enfonce dans le désert à pied.

Procédons de façon sensée, ai-je proposé, en suivant du doigt une petite route qui croisait la nationale à quelques kilomètres à l’est et qui se dirigeait dans la direction générale de cette nouvelle montagne.

D’accord. Ce sera plus rapide.

La route n’était pas bitumée ; ce n’était qu’une éraflure dans la poussière, sinuant entre les broussailles, tout juste assez large pour une voiture. Dans une autre région, la sente aurait été reprise par la végétation, faute d’entretien, mais ici, dans le désert, les cicatrices faites par les hommes étaient plus longues à s’effacer. Une chaîne rouillée en barrait l’accès, tendue entre deux poteaux, boulonnée d’un côté, et de l’autre, simplement crochetée à un clou. Je suis sortie rapidement de l’habitacle et j’ai retiré la chaîne ; je me suis dépêchée de remonter en voiture, en espérant que personne n’allait passer et s’arrêter pour me proposer de l’aide. Par chance, la nationale est restée déserte quand je me suis engagée de quelques mètres sur la piste poussiéreuse et suis ressortie remettre la chaîne en place.

C’était agréable de laisser derrière nous le bitume. Personnellement, j’étais heureuse d’abandonner la civilisation ; je ne croiserais plus personne à qui je devrais encore mentir, que ce soit par des paroles ou par mon silence. Seule, je me sentais moins renégate.

Quant à Melanie, elle était chez elle ici, au milieu de rien. Elle connaissait le nom de chaque plante rabougrie autour de nous ; elle les énumérait une à une, comme pour saluer de vieilles amies :

Créosotier, ocotillo, cholla, opuntia, mesquite

Loin des nationales – les antennes de la société – le désert semblait donner à Melanie une nouvelle vigueur. La voiture filait en bondissant sur les nids-de-poule, mais n’avait pas la garde au sol suffisante comme me le rappelaient les chocs récurrents sur le bas de caisse. Melanie appréciait notre vitesse de déplacement, mais brûlait d’aller à pied, de se fondre dans les replis secrets du désert.

Nous devrions marcher, tôt ou tard – et ce serait toujours trop tôt à mon goût. Mais quand l’heure viendrait, abandonner la voiture ne suffirait pas à la satisfaire. Le vrai désir qui palpitait en Melanie, c’était la liberté. Pouvoir enfin mouvoir son corps, au rythme familier de ses longues enjambées, suivant sa seule et unique volonté. Vivre sans corps était un supplice pire qu’une prison, je le reconnaissais. Être transportée d’un point à un autre, sans avoir prise sur le monde extérieur ni libre arbitre. Être piégée en chair étrangère…

J’ai frissonné et me suis concentrée sur la route pour chasser l’affliction qui m’envahissait. Jamais un hôte n’avait provoqué en moi un tel sentiment de culpabilité. Certes, mes autres hôtes n’avaient guère eu le loisir de me faire savoir leur mécontentement…

Le soleil effleurait le sommet des collines à l’ouest quand nous avons eu notre premier désaccord. Les ombres qui s’étiraient dessinaient des motifs étranges sur la piste, rendant difficile la lecture du terrain pour éviter trous et pierres.

Là-bas ! s’est écriée Melanie au moment où nous découvrions un nouveau jalon plus à l’est : une molle ondulation, interrompue par un pic, comme un doigt tendu désignant le ciel.

Elle voulait qu’on fonce droit dans les buissons, vers ce nouvel objectif, quels que soient les risques pour la voiture.

On ferait peut-être mieux d’aller d’abord au premier point de repère, ai-je avancé. La petite route continuait à serpenter dans cette direction et j’étais terrifiée à l’idée de la quitter. C’était le cordon ombilical qui me reliait à la civilisation. Sans cette route, il n’y avait plus de retour possible !

J’ai songé subitement à la Traqueuse, alors que le soleil embrasait la ligne de zigzags à l’horizon. Qu’allait-elle faire si elle ne me voyait pas arriver à Tucson ? J’ai lâché un rire. Melanie aussi se représentait l’image cocasse ; elle voyait la rage de la Traqueuse, son indignation. Combien de temps lui faudrait-il pour rentrer à San Diego, s’assurer que je ne lui avais pas joué la comédie du départ, juste pour me débarrasser d’elle ? Que ferait-elle alors en découvrant que j’étais bel et bien partie ? Que j’avais disparu ?

Je ne savais pas moi-même où je serais à cet instant.

Là, un lit de rivière à sec ! C’est assez large pour la voiture. Vas-y !

Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.

Il va faire nuit bientôt et on va devoir s’arrêter ! Tu nous fais perdre du temps ! criait-elle en silence, bouillant d’impatience.

Ou en gagner… En outre, il s’agit de mon temps, jusqu’à preuve du contraire.

Elle n’a rien répondu. Mais elle s’est étirée dans mon esprit, concentrant sa volonté sur ce lit asséché. Je ne me suis pas laissé faire :

C’est moi qui conduis. Alors c’est moi qui décide !

Melanie fulminait, en silence.

Pourquoi ne me montres-tu pas les autres lignes ? ai-je suggéré. On pourrait essayer de les repérer avant la nuit.

Non ! Ça, c’est à moi ! C’est moi qui décide.

Ne fais pas l’enfant.

Elle s’est mise à bouder et j’ai continué ma route vers le mont au cinq sommets.

Dès que le soleil a disparu derrière les collines, la nuit est tombée d’un coup ; une minute plus tôt, le désert était baigné d’une lueur orangée, la minute suivante, il était noyé de ténèbres. J’ai ralenti et cherché à tâtons la commande des phares.

Tu as perdu la tête ? s’est écriée Melanie. Tu sais à quelle distance on peut voir des phares de voiture dans le désert ? Tu veux qu’on se fasse repérer !

Que fait-on alors ?

On prie pour que les sièges s’inclinent.

Je me suis arrêtée, laissant le moteur tourner au ralenti ; peut-être y avait-il une autre solution ? Je n’avais aucune envie de passer la nuit dans la voiture, au milieu du trou noir du désert. Melanie attendait patiemment que je me rende à l’évidence.

C’est de la folie pure ! ai-je grommelé en coupant le moteur. Tout ça ! Il n’y a personne par ici. On ne trouvera rien. Et on va se perdre, c’est tout ce qu’on va gagner ! J’avais une vague idée des dangers qui nous attendaient – errer sous le soleil, sans plan, sans voie de retraite. Évidemment, Melanie connaissait ces périls bien plus précisément que moi, mais elle faisait de la rétention d’informations.

Elle n’a pas réagi en entendant mes prédictions sinistres. Rien de tout ça ne l’inquiétait. Elle préférait encore errer dans le désert jusqu’à ce que mort s’ensuive, plutôt que de retrouver notre existence d’avant. Même s’il n’y avait pas eu la Traqueuse à nos trousses, elle aurait quand même préféré ça.

J’ai baissé le dossier de mon siège le plus possible. C’était loin d’être confortable. Jamais je n’allais pouvoir dormir… Mais en même temps, il y avait tant de choses auxquelles je m’interdisais de penser que mon esprit était devenu un puits morne et vide. Melanie aussi était devenue silencieuse.

J’ai fermé les yeux ; je sentais à peine la différence entre le voile de mes paupières et la nuit sans lune ; et j’ai glissé dans l’oubli avec une facilité inattendue.

Les ames vagabondes
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